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Beaucoup a été accompli depuis le lancement par le processus de Kimberley de son système de certification en janvier 2003. Le processus de Kimberley a contribué à un renforcement de la gouvernance et à un accroissement de la transparence du commerce des diamants dans des pays précédemment touchés par des conflits, tels que le Libéria, la Sierra Leone et l’Angola. Il a ensuite appuyé l’apport d’améliorations à la gouvernance de l’industrie du diamant ainsi qu’en matière de suivi de la vaste gamme des pays producteurs, commerçants et consommateurs. Le processus de Kimberley a ordonné le recueil de statistiques détaillées sur le commerce des diamants bruts qui n’étaient tout simplement pas disponibles avant sa création et il continue de favoriser l’élaboration d’empreintes détaillées des diamants dans les pays producteurs. Les États-Unis dirigent à présent des activités uniques en leur genre de collaboration entre des géologues et des juristes qui assureront un suivi de la production artisanale de diamants en Guinée. Le processus de Kimberley fait également fonction de plateforme essentielle en faveur du développement des communautés locales des pays producteurs et d’un renforcement de l’attention accordée à celles-ci. Il a permis des améliorations à l’enregistrement des mineurs au Ghana et en République démocratique du Congo. Il a accru la compréhension de l’évaluation des diamants et amélioré les techniques d’extraction en Sierra Leone et au Guyana. Et il a obtenu la sécurité de la propriété foncière et des revenus stables pour les mineurs artisanaux en République centrafricaine et au Libéria.
Ces faits, ces résultats, et de nombreux accomplissements analogues, ne sont pas suffisamment connus : le processus de Kimberley n’a pas été aussi efficace qu’il doit l’être pour informer le monde de ses efforts et de ses réussites. En tant que président, nous nous attacherons à faire connaître ces progrès et à les amplifier. Mais pour faire fond sur ces réalisations, nous devons aussi examiner divers points qui exigent que l’on s’y arrête, ainsi qu’il a été noté dans la déclaration émise à l’issue de la réunion plénière de Kinshasa conjointement avec notre vice- président, l’Afrique du Sud. En ce début de la présidence des États-Unis, il est important, je crois, de souligner l’héritage dont peut s’enorgueillir le processus de Kimberley, élément sur lequel nous entendons bâtir dans les mois à venir, de concert avec tous les participants et observateurs. Parallèlement, nous devons admettre ouvertement les faiblesses et les difficultés qui se sont aussi manifestées. Ces difficultés n’ont, dans une perspective d’ensemble, pas de quoi surprendre. Le processus de l’analyse des points qui se sont avérés opérants et de ceux sur lesquels des réformes s’imposent constituera un point focal de la présidence des États-Unis. Nous comprenons parfaitement, certes, que le choix unanime qui a porté les États-Unis à ce poste n’équivaut pas à un mandat qui les autoriserait à prendre des décisions unilatérales. Nous le concevons au contraire comme nous ayant confié le devoir d’œuvrer en étroite coopération avec tous les participants et observateurs pour recueillir leurs vues et pour instaurer la réforme dont tous auront convenu qu’elle est essentielle.
Nous sommes fermement convaincus de la nécessité du changement et, tout autant, de la nécessité à cette fin de la consultation, de la collaboration et de la flexibilité. C’est là ce que je m’efforcerai, en tant que président, d’encourager tout au long de l’année. Les États-Unis ont été choisis pour forger un consensus et pour écouter, mais ils l’ont aussi été pour apporter une vision. Nous avons défini un ensemble d’objectifs, ambitieux mais à la mesure de la vision ambitieuse des initiateurs du processus de Kimberley, pour porter ce processus dans sa seconde décennie et au- delà.
Nous considérons que, pour que son mandat conserve sa pertinence, le processus de Kimberley doit impérativement relever les défis actuels. À sa fondation, il s’est concentré sur les mouvements rebelles qui cherchaient à faire usage des diamants pour financer leurs assauts contre les gouvernements légitimes. Nous voyons aujourd’hui des diamants émerger de conflits qui ne proviennent pas des mêmes types de mouvements rebelles, mais de contextes conflictuels plus larges et nous pensons que le processus de Kimberley devrait réfléchir soigneusement aux moyens optimaux à mettre en œuvre face à cette situation. Nous pensons également que le processus de Kimberley peut accroître considérablement ses activités pour faire fonction de plateforme d’engagement, de partage de l’information et de promotion des pratiques optimales dans le secteur diamantaire, en ce qui concerne les concepts généraux du développement et dans le domaine des droits de l’homme. Nous porterons également notre attention sur les modalités de fonctionnement du processus de Kimberley. Nous nous attacherons à tirer parti de notre appui récent pour améliorer sa mise en œuvre, au niveau tant national qu’international, notamment en élargissant ses relations avec les organismes chargés de l’application de la loi.
En outre, nous envisagerons divers moyens d’améliorer le fonctionnement du système des groupes de travail du processus de Kimberley et la mise en œuvre de l’examen par les pairs. Nous persistons à penser qu’un mécanisme de dotation en personnel plus permanent est nécessaire pour que le processus de Kimberley serve véritablement ses participants, et le grand public, et nous nous emploierons à appuyer l’action du comité d’examen auprès des institutions internationales existantes pour évaluer les options en la matière. Enfin, nous œuvrerons avec le Conseil mondial du diamant afin de déterminer comment son « système de garanties » peut faire l’objet d’une application encore élargie pour appuyer l’efficacité du processus de Kimberley.
Ces dernières années, certains participants ont estimé que le processus de Kimberley les astreignait à des normes distinctes et injustes. Nous comprenons ce qui motive cette opinion mais la réponse à la critique ne saurait être de tourner le dos au problème en déclarant qu’il ne peut y avoir de changements et que le processus de Kimberley restera à tout jamais lié aux définitions formulées il y a douze ans. La réponse consiste au contraire à veiller à ce que les normes soient appliquées à tous équitablement, de manière cohérente et dans la transparence et à ce que leur application fasse l’objet d’un suivi et soit mesurée de manière elle aussi cohérente et transparente. Mais les définitions et les normes doivent s’ajuster aux défis actuels auxquels fait face le commerce des diamants. Le processus de Kimberley doit songer à se moderniser et puiser à l’expérience d’autres initiatives à multiples parties prenantes qui répondent à la demande de la part des consommateurs de produits respectueux des droits de l’homme. Tâche ardue que celle que nous nous sommes fixée et, ainsi que je l’ai clairement indiqué, nous entendons nous y atteler et œuvrer en étroite coopération avec toutes les parties du processus de Kimberley pour en définir les orientations de concert. Nous n’avons pas encore toutes les réponses. Les solutions émergeront de la puissante collaboration qui peut et doit avoir lieu entre les membres d’une même famille attachés à un même but. Nelson Mandela aurait déclaré que le processus de Kimberley a « la propension à faire ce qu’il faut, en particulier lorsqu’il y est poussé ». Nous sommes bien poussés dans la conjoncture actuelle et nous aspirons à faire ce qui doit être fait.